Le parcours particulier de l’adoption
Publié le 26.07.2024Pour que l’enfant naisse
Déculpabiliser les femmes ou la question des trois inconscients
Françoise Dolto affirmait que pour que l’enfant vienne, il fallait l’accord de trois inconscients : Le père, la mère et l’enfant, avant même la conception.
Même quand le travail psychothérapique se fait avec la mère seule il est possible d’avoir accès aux deux autres « inconscients protagonistes » de cette histoire singulière à travers celui de la femme.
Mais il est essentiel de conserver ce postulat à l’esprit, d’une part parce qu’il permet « d’entendre » à travers ce que dit la mère l’inconscient du père qu’elle a choisi, et d’autre part car cela nous rappelle que quand une grossesse « tarde » et une fois toute problématique physiologique écartée, la mère n’est pas seule à en avoir la responsabilité. C’est malheureusement l’oubli de cette configuration qui conduit à augmenter le sentiment de culpabilité déjà fort chez les femmes présentant un symptôme d’infertilité.
Culturellement la responsabilité de la grossesse repose encore beaucoup sur les femmes (c’est même source de répudiation dans certaines cultures). Pourtant il est indiscutable que physiquement l’homme et la femme sont à parts égales !…Il semble encore plus difficile de concevoir que cette égalité soit aussi psychique.
Dans l’infertilité la dynamique du couple est au cœur du symptôme et peut exprimer le refus inconscient tant de la maternité que de la paternité.
S’il est déjà difficile de prendre en compte à part égale l’inconscient du père, cela semble encore plus délicat de ne pas oublier celui de l’enfant. « Il n’est jamais trop tôt pour considérer un être humain comme être de désir » (Tribolet S. – 2008). Pour Françoise Dolto le désir de l’enfant est porté par trois désirs inconscients : :celui du père, celui de la mère et son propre désir à naître. L’enfant « désirant » va choisir de s’accrocher dans les premiers jours alors même que sa présence est encore inconnue pour ses parents.
Cette conception permet de s’interroger différemment sur l’expérience de la fausse-couche par exemple mais aussi sur le pourcentage d’échec aux fécondations in vitro. Qu’en est-il du désir inconscient des parents dans cette rencontre en éprouvette ? Et de celui de l’enfant ?